Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Droit du travail fr
14 février 2023

Faut-il réformer le système de retraite ?

Le déficit du système de retraite

Sans réforme, le système français de retraite serait en déficit de 12 milliards d’euros en 2027, 14 milliards en 2030 et 21 milliards en 2035, selon le rapport du COR établi en 2022 sur la base de l’hypothèse optimiste du plein emploi (4,5 % de chômage à long terme). Pour mesurer la gravité de ce déficit, il faut comprendre que ce déficit se cumulerait d’année en année. Ce cumul serait de l’ordre de 150 milliards d’euros dans 10 ans... Et cela continuerait ensuite à s’accroitre, car le système ne reviendrait jamais à l’équilibre.

Les économies brutes prévues par la réforme de 2023 s’élèvent à 10,3 milliards d’euros en 2027 et 17,7 milliards en 2030. Mais, il faut déduire les mesures d’accompagnement et d’amélioration du système, qui s’élèvent à 2,8 milliards en 2027 et 4,8 en 2030. Et si le gouvernement continue à accepter des améliorations, les économies que procure la réforme vont encore s’amenuiser. En outre, l’accroissement des coûts dans la fonction publique n’est pas compté !

Trajectoire du financement des retraites

Un grand nombre de réforme des retraites ont déjà eu lieu. Et celle de 2023 ne sera sans doute pas la dernière. L’équilibre visé en 2023 est, en effet, basé sur des prévisions optimistes en termes d’emploi. Par ailleurs, les retraites ne sont pas toujours revalorisées par rapport à l’inflation ni pour le régime de base, ni pour le complémentaire géré par les partenaires sociaux. Par conséquent, les actifs ont intérêt à épargner tout au long de leur carrière et, à sa fin en plaçant leur indemnité de rupture conventionnelle, ou leur indemnité de départ à la retraite.

Le déficit du système de retraite s’explique par l’évolution démographique

La population vieillit et de ce fait, le nombre de retraité augmente. Il y a aujourd’hui 17 millions de retraités. Et ils seront 20 millions d’ici 2040. Alors que dans le même temps, la population active va rester stable, aux environs de 30 millions de personnes.

Il y avait 3 actifs pour 1 retraité en 1970 et 2 actifs pour 1 retraité en 2000. Aujourd’hui, il n’y en a plus que 1,7. Et l’évolution de la structure de la population va conduire à 1,6 en 2030, 1,5 en 2040 et seulement 1,4 actif pour 1 retraité d’ici 2050. Or, c’est le travail des actifs qui finance les retraites. Cela devrait suffire pour comprendre la nécessité d’agir. Et d’agir maintenant, car plus l’on attendra plus l’effort devra être grand et donc brutal pour les plus jeunes.

Par ailleurs, il faut savoir que la durée passée à la retraite en France est l’une des plus élevées d’Europe (22,2 ans pour les hommes et 26,7 ans pour les femmes). Cela s’explique, d’une part par le fait que l’âge de départ à la retraite est parmi les plus bas en Europe. Et d’autre part, par le fait que l’espérance de vie en France est l’une des plus élevée, non seulement en Europe, mais parmi l’ensemble des pays développés. De plus, l’espérance de vie s’accroit continuellement (excepté durant la période covid). Les progrès de la science médicale expliquent cela et permet de prévoir au moins la continuation de cet accroissement… et probablement une accélération de l’accroissement de l’espérance de vie.

D’autres solutions sont-elles possibles pour assurer l’équilibre du système de retraite ?

Certains opposants à la réforme des retraites (lorsqu’ils reconnaissent qu’il va y avoir un déficit futur) disent que d’autres financements sont possibles. Envisageons-les.

Les autres financements proposés :

Faire qu’il y ait plus de seniors en emploi

Or, c’est justement l’objectif de la réforme. Car :
• D’une part, les seniors en emploi y resteront plus longtemps, puisque leur départ à la retraite sera repoussé.
• Et, d’autre part, les entreprises et les seniors décaleront l’âge des ruptures anticipées dans une mesure analogue au report de l’âge légal de la retraite. Cela a été constaté, tant en France, suite à une précédente réforme, que dans les autres pays. Par ailleurs, des mesures complémentaires seront prises pour mettre fin, ou au moins diminuer l’intérêt pour les entreprises de faire partir les seniors et de ne pas en embaucher.

Accepter l’augmentation du déficit public. Faire payer les retraites par le budget de l’Etat

La France a déjà un énorme déficit public financé par un endettement de 114 % du PIB (c’est-à-dire de la production de toute la France pendant un an). L’endettement public a été possible par un accroissement de la masse monétaire qui a engendré l’inflation. Alors, maintenant, pour lutter contre l’inflation, la banque centrale monte les taux d’intérêt, ce qui fait augmenter la charge de la dette. De ce fait, le déficit doit être diminué et la dette résorbée progressivement. Dans ces conditions, penser que l’on pourrait financer les retraites par l’accroissement de la dette publique est déraisonnable.

D’autre part, les retraites ne sont pas seules à avoir besoin de financements supplémentaires. La santé (hôpitaux, médicaments à payer plus chers pour ne pas en manquer...), la dépendance du grand âge, l’éducation, l’énergie et la transition énergétique, la justice et la sécurité, ainsi que la défense puisque la guerre est redevenue possible, nécessitent des dépenses supplémentaires considérables.

Faire payer les milliardaires

Soit il s’agirait de leur prendre un peu de leur revenu, mais ce serait trop peu. Soit, il s’agirait de leur faire payer beaucoup et ils partiraient. Ce serait mauvais pour l’économie et donc l’emploi, ainsi que les impôts qu’ils ne paieraient plus. Il est possible de le regretter, mais c’est comme ça !

Faire payer les entreprises par une augmentation de leurs cotisations sociales

C’est possible, mais cela irait à l’encontre de leur compétitivité et donc de l’emploi. Ce qui, en passant, serait mauvais pour le financement des retraites, puisque la baisse de l’emploi ferait diminuer les sommes récupérées en cotisations. Et n’oublions pas que la politique de réduction des charges des entreprises des deux derniers quinquennats a fortement fait baisser le chômage ! Or il est très souhaitable de continuer à le faire baisser pour parvenir au plein emploi. Ce dernier est d’ailleurs une condition indispensable au financement des retraites.

Augmenter les cotisations des salariés

Il faudrait 400 € de cotisations de plus par an pour parvenir à l’équilibre en 2027 et 550 € pour combler le déficit en 2032. Alors que le pouvoir d’achat est la 1ère préoccupation des Français, cela serait insensé.

Baisser progressivement les pensions de retraite

Pour résorber le déficit du système de retraites, à elle seule, cela signifierait une baisse de plus de 700 € par retraité par an en 2030. Ce serait donc faire lourdement baisser le pouvoir d’achat des retraités et paupériser les futurs retraités.

Reste l’allongement de la durée de vie au travail

Donc, continuer à assurer le financement des retraites par les cotisations basées sur le travail semble la seule solution raisonnable. D’autant plus que plus de travail, signifie plus de richesse et de pouvoir d’achat. Mais aussi l’accroissement des cotisations à l’assurance maladie et des recettes fiscales sans augmentation des impôts. Ce qui aidera, dans une certaine mesure, à financer ce qui doit l’être en dehors des retraites.

Publicité
Publicité
Commentaires
Droit du travail fr
  • Parler du droit du travail qui est un ensemble de règles juridiques régissant les rapports entre un employeur et un salarié et particulièrement de ce qui relève du contrat de travail : embauche, exécution et rupture du contrat (démission, licenciement...)
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Archives
Publicité